mercredi, juillet 19, 2006

il fait chaud
ça a pas d'bon sens c'qui peut faire chaud
que les mouches qui ne tombent pas
que les mouches qui ne tombent pas
dans les cendriers orphelins
dans les bouche à bouche
dans les bouches ouvertes
les bouches haletantes
dans l'attente d'un truc un peu frais
les mouches qui tombent plus
sur le rebord du monde
les mouches en équilibre
les mouches qui tombent
les mouches qui tombent
dans ton verre pas fini
dans ta bouteille mal bouchée
dans tes yeux secs
dans la paille rongée par
la chaleur
putain qu'il fait chaud
bordel
et je déménage encore
fin de la semaine
et puis encore la semaine d'après
et les moustiques qui ne font pas de quartier
qui sont trop nombreux pour les mouches
dont la densité dans l'atmosphère surclasse celle de n'importe quel autre insecte
de gabarit comparable
machine à prélever du sang
et à te rendre moins heureux que si le moustique n'existait pas
et puis je fais des cartons
et je me fais piquer
entre deux cartons
entre deux pages blanches mangées par les essais à moitié fructueux
(à moitié c'est pas tout à fait)
enfin
je déménage, ça c'est entendu
je déménage avec mademoiselle D.
je déménage sur la même rue mais je déménage quand même
je te jure
je déménage pour de vrai
et sûrement pas pour la dernière fois
il y aura d'autres déménagements
il y aura d'autres cartons
il y aura d'autres moustiques
il y aura d'autres mouches sur les yeux ou ailleurs
oui
c'est ça
ça fait que c'est ça
que nous v'là là
alors, oui
c'était pas la peine d'en faire tout un plat

mardi, juillet 11, 2006

syd est mort.


Si les lives solo de Syd Barrett restent largement méconnues, chacun a sûrement entendu Shine On You Crazy Diamond, le long hommage de Pink Floyd à son créateur, qui ouvre et referme l'album Wish You Were Here (1975). Avec cette chanson, mais aussi avec Brain Damage (sur The Dark Side of the Moon, trois ans plus tôt) ou le concept-album The Wall, dont l'histoire est largement celle de Barrett, le groupe anglais a lui-même contribué à l'édification de la légende du « diamant fou » : une enfance anglaise heureuse auprès d'une mère infantilisante, la gloire et les drogues, pareillement dévastatrices, et, pour finir, une retraite rimbaldienne régulièrement interrompue par des séjours en hôpital psychiatrique.

On sait depuis Schumann et Van Gogh que la folie des artistes fascine, le plus souvent pour des raisons morbides. Au silence de Barrett ne répondent que des rumeurs. Après Pink Floyd, le chanteur, sorte de Norman Bates rock'n'roll, serait retourné vivre dans la cave de sa mère, aurait tenté d'y faire pousser des champignons, mais aussi de traverser le plafond avec sa tête. Avec Barrett, on oscille en permanence entre l'insolite et le tragique le plus glaçant.

Syd Barrett ne s'est plus exprimé depuis une interview à Rolling Stone en 1971 et n'est plus apparu en public depuis 1972 lorsque la tentative de le faire participer à une nouvelle formation, Stars, échoua pathétiquement. Quelques journalistes en mal d'inspiration viennent de temps en temps le perturber dans sa tranquillité pour qu'il parle (peine perdue), et des photos volées circulent sur Internet - la star déchue, aujourd'hui âgée de cinquante-cinq ans, est devenue un quidam chauve et bedonnant cultivant son jardin. Rien de bien neuf n'a été écrit sur lui depuis les articles que lui a consacrés Nick Kent pour le New Musical Express (lire le portrait de Barrett dans le livre du journaliste, L'Envers du rock, Austral, 1996).

Sur le plan artistique, Barrett a inspiré des générations de musiciens, de David Bowie (qui a repris See Emily Play ) à Mercury Rev, en passant par le groupe Television Personalities, auteur d'un amusant I Know Where Syd Barrett Lives. Car plus encore que sa vie, ses chansons restent mystérieuses. Celles réunies dans la compilation Would'nt You Miss Me - extraites de ses deux albums solos, The Madcap Laughs (1970) et Barrett (1971), d' Opel, premier recueil de raretés en 1988, auxquelles ont été ajoutées quelques prises alternatives et un inédit, Bob Dylan Dream - défient la raison, ne semblent pas d'ici.

Son meilleur disque, The Madcap Laughs (« Le Rire du fou »), a épuisé trois producteurs, Peter Jenner, Malcolm Jones et David Gilmour. On y entend un elfe psychédélique psalmodier d'une voix fragile, constamment au bord du déraillement, des comptines cultivant le non-sens de Lewis Carroll, en jouant approximativement de la guitare. Même si trois membres de Soft Machine, puis Roger Waters et David Gilmour, ont ajouté dans la souffrance des parties instrumentales, le résultat est irrémédiablement instable. De cet inachèvement, de cette désolation, se dégage une beauté primitive, vestiges et vertiges d'une musique enregistrée comme au premier jour. Trente après, les débris lunatiques de Syd Barrett continuent de terrifier.


BRUNO LESPRIT
Article paru dans l'édition du 29.04.01

mardi, juillet 04, 2006

cowboy raout


pour ceux qui seraient intéressés...
petit déjeuner gratuit pour tous ce samedi (8 juillet)... crêpes à volonté, booze pour les grands et grandes (pas gratuit par contre ça, mais presque)
à partir de 10 h, jusqu'à épuisement des ressources humaines
une grosse dizaine de groupes
rockabilly, country, rock'n'roll, pop, roots, etc etc etc.
dont dojo workhorse, auteur du plus bel album de l'année dernière à ma connaissance pas encore sorti (mais le jour où il sort vous allez pleurer - enfin c'est mon humble avis - d'ici là venez voir de quoi il retourne !)
tout pour la satisfaction de chacun et chacune, dans un environnement de rêve
théâtre ste catherine: 264 ste catherine est
viendez nombreux!