samedi, octobre 29, 2005

glissade

il trace des arabesques dans ses iris
sans le vouloir y pêche la foudre
large le chemin qui se déroule devant lui

dur à chercher
ce que de droit dans le flot
vicié de ses ordures

ses rêves érotiques manquent d’envergure
rattrapé par les pieds sales de sa bien-aimée dont
les extases le feraient presque tomber
il goûte entre ses lèvres le repos du juste

il croyait
d’énormes insectes habitent son sommeil
son retour nécessaire mais peu probable
lui et l’autre se noyèrent dans un verre d’eau

jeudi, octobre 27, 2005

mélodie en sous-sol

rattrape-moi dans les tréfonds
j’ai le vertige
dans les bas étages
les sorties de scène sont bouclées

hier seulement sensible à tous crins
j’inventais des miracles
pour les mettre en tombeau
mais la porcelaine n’a plus cour par là-bas

la plus belle collection de fleurs de peau
de toute la ville
ne m’appartient plus
encore un peu plus bas
torturées dans les caves du ministère
elles s’excitent
comme des murènes sorties de l’eau
fragiles malgré la mâchoire

il y a là un escalier qui
file sous le souvenir
une porte qui tremble et
tambourine
une lumière fuyante
sournoise dans l’obscurité

il y a des paires d’yeux brillants
qui scrutent le visiteur
celui qui devra accoucher de leurs secrets
nu comme l’enfant de la sagesse

sans une parole pour les murs
sans un crachat
sans une larme glacée par le temps passé ici
la prison acquittée
expose au grand jour
ses blessures de rêve

la face éclatée en millions de morceaux
hantée par les peurs des bas étage
assujettie aux vertiges
qui a fermé les portes ?
qui a condamné les fenêtres ?
qui souffle dans mon oreille ?

mardi, octobre 25, 2005

l'éducation sentimentale

Nos errances sentimentales me laissent le plus souvent sans voix. Les mots ont l'air absents de cet espace-là et quand il s'agit de serrer des mains pour les réchauffer ou de montrer ce que moi je vois ou de réconforter ou de dire que tout ira bien, un nuage de silence s'étend sur toute ma planète... J'aimerais trouver des paroles de paix mais vu ma propre situation de catastrophe affective chronique (surtout ce soir curieusement) on comprendra qu'un fond d'honnêteté me pousse à m'abstenir.
En fait je suis d'avis qu'il nous faut voir nos désirs sont des errances, et qu'au lieu d'en faire une fatalité il faudrait y voir le moyen de s'échapper vers autre chose, tout le temps, même sans bouger. Comme des trajectoires lancées à la rencontre d'autres trajectoires avec lesquelles de temps à autre se forment des noeuds qui se défont se refond, que se recréent sans arrêt quelque part d'autres noeuds, noeuds où quelque chose explose et repart en deux voire trois quatre cinq nouvelles trajectoires maintenant à jamais changées. Rencontres et naissances.
Je crois que nous portons tous en nous des trajectoires superbes, quoi qu'on puisse quelquefois en penser, des trajectoires uniques, qui n'appartiennent qu'à chacun d'entre nous, qu'à toi. Et pourtant. Pourtant il y a tant de trajectoires qui ne sont plus rien que de longues lignes droites assagies et cernées par d'autres trajectoires purement parallèles, et il n'y a plus jamais d'explosion et elles ne virent pas de bord et elles ne tombent pas à l'intérieur d'elles-mêmes ni à l'intérieur des autres. J'y pense je te regarde je regarde les gens autour de moi je me vois je sais qu'on peut exploser d'un moment à l'autre, et quand je vois quelqu'un passer une porte quelque part je peux savoir instantanément s'il y a ce risque d'explosion ou pas. Des fois ça tient à pas grand chose, mais ce pas grand chose de l'explosion je crois que c'est ça le désir ou du moins la gâchette, ou le détonateur.
Bon voyage au sous sol.

dimanche, octobre 23, 2005

night on earth

premier jour

pâles
cernées par la chaleur
les brutes avancent et
les poèmes meurent sous leurs pieds
à leur insu
depuis le centre du monde
des fantômes les tiennent en joue

le silence égrène le sommeil des justes
et d’autres poèmes naissent à l’ombre de leur âge

et la lumière troublée
timide
vacillante
des mots
fanfaronne

en déséquilibre sur la tranche du monde
entre deux jambes du temps
à la limite entre le silence et la fureur

au milieu du vol des fous
au milieu des horizons
je nous cherche un nom
en nommant les choses
autour de soi
désert
fuites
lignes et figures à déchiffrer

je cherche
la juste distance
l’angle
je cherche
le levier qui arrachera aux objets
leur poids

ivres de coups d’images
et de cris
bientôt leurs pieds s’enfoncent dans la terre
encore moite de toute la sueur versée pour l’apathie

bientôt leurs pieds plantés dans la terre et
traversés par la fièvre
ils sont tenus en joue
immobiles dans la danse des rêves
repliés sur le corps de la terre
ils sont tenus en joue

des taches de silence apparaissent
effacent les traces des figures immobiles dans la danse des rêves
ils ne sont bientôt plus que signes
illisibles
appliqués sur le corps de la terre

et j’ai laissé l’impuissance m’arrimer à son sillage
et j’ai poursuivi la fuite
et mon piétinement s’est arrêté sur la dernière trace

je n’ai plus de noms à donner aux saisons ni aux ombres
et je ne nous ai pas trouvé de nom
et vidés dans un mois ou dans une heure
nous sommes déjà dissous

et la lumière troublée
timide
vacillante
des mots
s’éteint

cj