jeudi, novembre 24, 2005

les cornes de l'escargot

Bon, bon.
J'ai fait le poirier avec Heidegger. J'ai tenu cinq minutes. Aujourd'hui je ne suis pas tombé. Une journée sans tomber je note toujours ça comme une bonne nouvelle. Il paraîtrait que jamais personne n'est mort de honte. Je suis tenté de croire ce qu'en-dira-t-on. Je me suis insurgé aujourd'hui, en souvenir de ce mec qui s'était petit suicidé en mon absence devant le palais de justice d'une petite ville de province, sans moyenne montagne autour, mais des forces de l'ordre qui cachaient mal leurs grosses bosses à l'entrejambe. Tous ces vrais sapins voués à l'enguirlandage de pacotille, trônant dans le parc à l'angle de Saint-Laurent et Saint-Joseph, pour un bonheur de quelques semaines dans un foyer urbain, avant d'être jetés sur les trottoirs comme des malpropres. Un peu comme des têtes orphelines. Soyons désinvoltes. N'ayons l'air de rien.

mardi, novembre 22, 2005

la notte

Alors voilà qu'aujourd'hui c'est la neige qui se pointe, et qu'elle a l'air de tenir la place, blanche comme le silence qu'elle est... C'est parti pour quelques mois de crissements quand on marche dehors - il y avait justement une forte demande, comme tous les ans. Je me demande lesquelles de mes chaussures ont le moins de trous. J'ai rangé mon vélo hier. Il faut que je pense à racheter des chaussettes.
Selon son p'tit monde, Sarkozy se tient droit dans ses bottes, les parents ont de plus en plus souvent recours à la médication contre l'hyperactivité de leurs enfants, la hausse des taux n'inquiète pas les entreprises. Affolant, non ? Moi, dans tout ça, je commence à hiberner je crois. J'ai promis à ma coloc de la retrouver dans cinq ans sur la muraille de Chine, et alors j'aurai le même âge qu'elle aujourd'hui - c'est probablement l'engagement le plus sérieux que j'ai pris depuis longtemps.
Alleluia.

lundi, novembre 21, 2005

brouillardeux

Il s'agirait peut-être d'un vague relent d'invasion: le brouillard. Quelque part entre la contamination de tous nos petits bonheurs par une matière grise, et la dilatation incontrôlée des frontières entre ciel et terre, ce qui fait justement qu'il n'y a plus de frontière et que donc je ne vois bientôt plus que des silhouettes marchant sur des oeufs. En se bouchant les oreilles pour ne pas entendre le craquement des coquilles.

dimanche, novembre 20, 2005

la tête raide

la langue dans le caniveau...bon, c'est qu'il faudrait s'y reprendre à deux fois.
Je me rends compte que je n'ai point écrit cette semaine. C'est qu'en fait, j'ai beaucoup marché. J'ai remisé mon discman pour les occasions vraiment grises: redécouvrons oreilles ouvertes les innombrables plaisirs que procurent les trottoirs de cette ville... (Il ne s'agit d'ailleurs pas que de sons: il y a des jeux de regards que l'on ne voit pas quand on a des écouteurs dans les oreilles - c'est que ça nous couperait un peu du monde quand même cette affaire-là! Je redeviens donc récepteur, j'avais écrit "réceptueur"...)
A 11h40 un type pissait contre le mur d'une église. Le pauvre homme avait l'air superbement soulagé. Un régal. Il y a énormément de petits malins dans cette ville. Sainte Cath' calme un dimanche matin, les klaxons en berne et les gueules de bois en déroute. Traces de la veille sur le trottoir encore un peu gluant par endroits... Je sens la raideur dans le cou...

samedi, novembre 12, 2005

okkervil river. respect.

Parce que c'est un putain de bon groupe Okkervil River, et ça les 80 (à vue de nez) péquenots qui étaient à la sala rossa mardi (8 novembre si mes informations sont exactes) pourront je pense vous le confirmer, à voir les mines groggy qui se dirigeaient lentement vers la sortie après le bombardement émotionnel que fut ce concert. Je ne connaissais que "don't fall in love with everyone you see" et quelques chansons du dernier album avant d'assister à ça. J'y suis allé par curiosité, comme ça , parce qu'il n'y avait rien d'autre à faire, assailli par un désir soudain. Et en plus c'était sur le chemin: donc, je suis rentré. J'ai été vaincu dès la fin du premier morceau entendu: une intensité pas souvent vue pour ce type de musique, des chansons belles à pleurer, une personnalité (chanteur dont j'ignore le nom, mais avec un sacré charisme) qui se la donne sur scène. Bonheur apparemment sincère d'être là, et de jouer, même devant une salle assez peu remplie. Une mélancolie énergique, puis une pose hilarante la minute d'apès, des guitaristes qui jonglent avec les tambourins (au sens propre du terme), un ahurissant chaos bruitiste à la fin de certains morceaux. L'envie. Pas de triche. Pas d'extrême prétention à se faire chier sur scène, et à me faire chier par la même occasion. Okkervil River, surprise rock'n'roll de la semaine. Fans de Bright Eyes, courez-y...Sincèrement. Et puisse le hasard me pousser encore sur des rives aussi attrayantes.

mange pas tes bas

Un peu d'excès ces derniers temps. Rien de bien grave mais assez pour me tenir éloigné des claviers quelques jours. Je regarde les figures autour de moi gagner de la vie. tous vivent et des fois je me sens un peu mort en face de toute cette vie. Des coeurs sont brisés, des blessures rouvertes, des sourires arrachés, des rires fécondés. Les mains et les bouches se touchent. Les flux de désir se laissent aller à souffler dans toutes les directions, et certains et certaines s'y cramponnent avec talent. Les jours raccourcissent drastiquement, dramatiquement. C'est la fuite. Tout s'écarte. Tout se vole. C'est du vol !
Des fois, subtilement, impression d'un ressort brisé, un oeil planté dans le ciel qui ne voit plus rien. Qui regarde sans voir. Tout glisse sur ma peau: mots, regards, mains. Luisant, je suis.

dimanche, novembre 06, 2005

bonjour novembre

la pluie travaille à faire tomber les dernières feuilles
en cas de fatigue le vent prend le relai
dehors dimanche est londonien - gris mais pas si désagréable
un peu frais j'aurais dû prendre mes gants pour sortir, en vélo avec le vent le froid est roi

untel boit énormément de café - une telle danse machinalement en écoutant the shins dans le restaurant - elle se doute bien qu'on parle dans son dos, qu'elle a par ailleurs fort joli - au bar on est en plein milieu de l'action - tout se déplie autour de nous - 78 scènes différentes se jouent simultanément - un truc de dingue - à force de causer deb met un temps fou à commander - on voulait aller sur beaubien mais il semblerait qu'on ait encore "échoué" à dusty's (mettre des guillemets: dusty's est tout sauf un échec - c'est plutôt un secret trop mal gardé)

la france brûle pendant ce temps - sarkozy en perdra-t-il son brushing?
1297 voitures incendiées en une nuit - sarkozy perd son flegme
que disent les sondages? - ouf 57% d'honnêtes gens continuent à appuyer sa "politique"
kärcheriser la racaille - tiens voilà un flash ball éclate-toi brave gendarme
la france a peur - sarkozy aboie (tiens les flics aussi - sarkozy 1er flic de france)
on brûle des écoles - ce n'est plus l'heure de poser des questions
mais avant de taper sur ces sauvageons, ces vauriens... se demander où était, où est la république, peut-être? la racaille c'est un peu elle qui l'accouche, non?

et les jours reculent.

il y a plusieurs mondes par là.

mercredi, novembre 02, 2005

éloge de la lenteur

Des paires de claques se perdent. Je pensais avoir passé une année à travailler sur mon discours intérieur, bon à changer après avoir constaté que de toute évidence ça ne marchait pas pour moi (voir pétage de plombs évité de justesse en avril-mai 2004). Voilà que ça recommence, mêmes symptômes - je me retrouve tellement enterré en moi-même que je ne vois plus les vies autour. Et pourtant je crois pas que ce soit de peur qu'il s'agit - une absurde culpabilité devant mes tendances à vouloir prendre mon temps et à adopter le ralentissement là où tout, tous et toutes semblent ne devoir qu'aller plus vite. Alors je baisse la tête et je tâche de rentrer dans le flux - et pourtant je sais que c'est là que tout part en couille: pour voir il faut que le regard s'arrête, et pour ça il faut lui en donner la possibilité. Ralentir. Prendre le temps. Respirer. Regarder. Je ne zapperai plus. Je ne fuirai plus.